Eglise de la Visitation (couvent des Visitandines), Fribourg:
° Eglises et Monastères suisses, par K. Speich et Hans R. Schläpfer, Editions Ex Libris, Zurich, 1979,
° Eglise et Monastère de la Visitation, Fribourg, Guides des Monuments suisses, Société d'Histoire de l'Art en Suisse, Bâle, 1974 (11 pages).
A la suite de l'invasion suédoise en Bourgogne (Guerre de trente ans), des Visitandines de Besançon vinrent s'établir à Fribourg, en Suisse, en 1635. Ainsi se fixa en Suisse un nouvel ordre de stricte observance fondé à l'époque de la Contre-Réforme. Les nonnes firent bâtir de 1653 à 1657 une église conventuelle de plan central (en forme de croix grecque) par le maire de Fribourg, Johann Franz Reyff, lequel était également architecte et aussi sculpteur. La disposition de l'édifice est du début du baroque. Il se présente comme un quadrilobe, à savoir comme une croix aux bras égaux et aux extrémités arrondies, y compris pour la façade ouest qui donne sur la rue très passante, en direction du centre historique de Fribourg (cathédrale, église des Cordeliers). La façade donnant sur la rue est donc convexe. L'ornementation de la façade est baroque. Le centre de l'église est un espace rectangulaire surmonté d'un "tambour" octogonal ajouré de grandes fenêtres en plein cintre. Ce tambour sert de base à une coupole couronnée d'une lanterne par laquelle pénètre également le lumière. Les éléments subdivisant les murs intérieurs sont également de style baroque primaire. Par contre, la décoration de la voûte est généralement de style gothique flamboyant.
Si l'architecte fut Jean-François Reyff, son frère, Jean-Jacques Reyff fut chargé de l'exécution des autels latéraux. Cette magnifique église, complètement surprenante par sa structure et sa forme, fut remaniée en 1826 par la construction d'une tribune en ouest pour accueillir un orgue du grand facteur fribourgeois Aloys Mooser. En 1865, l'église de la Visitation fut encore remaniée: le sol surélevé reçut un dallage magnifique aux armes des Visitandines (croix et coeurs percés de flèches). Les statues, aux couleurs vives de l'époque baroque, furent malheureusement uniformément badigeonnées de grisaille. En 1971, la Mère Supérieure, après avoir assaini les finances de l'institution grâce à un service de blanchisserie, entreprit, avec l'aide des Services Cantonaux et Fédéraux des Monuments historiques, la remise en valeur de ce modeste mais très prestigieux édifice du 17ème siècle en Suisse. Comme au temps de la construction, le travail a été réalisé par les religieuses elles-mêmes. Sous la grisaille générale, on retrouva les faux marbres des pilastres et la polychromie baroque des statues. L'agencement des voûtes, des trompes permettant le passage du plan carré au plan octogonal de la coupole et la superbe envolée vers la lanterne sommitale est franchement exemplaire et fascinant. Depuis la rue, sur laquelle donne la belle façade convexe, mais discrète, peu de gens peuvent imaginer la présence d'un sanctuaire aussi remarquable en ville de Fribourg.
On remarque trois autels: l'autel de la Crucifixion (dans le bras droit de la croix) a reçu une toile montrant une Crucifixion datée du milieu du 17ème siècle et deux statues de saints: Saint Jean et Saint André. A gauche de l'entrée, on trouve l'autel du Sacré Coeur avec une toile peinte en 1864 par Antoine de Gottrau. Dans l'axe en face de l'entrée, on trouve le maître-autel avec un Tabernacle de 1656, signé Jean-François Reyff (tabernacle en poirier, ébène et appliques en argent). Le maître-autel est flanqué de deux statues magnifiques: Saint Pierre et Saint Paul, oeuvres de Jean-Jacques Reyff. La tableau ornant le maître-autel est une copie d'une Visitation du milieu du 17ème s.
Les grilles: les grilles placées un peu en avant de la tribune de l'orgue Mooser datent de 1680 et sont particulièrement belles et artistiquement travaillées. Le portail extérieur en ouest comporte un décor à pilastres avec un fronton brisé et une porte en plein cintre. Le fronton encadre une niche avec un coquillage abritant un groupe sculpté représentant la Visitation (auteur Jean-Jacques Reyff au 17ème siècle).
L'orgue: voici donc un précieux instrument du facteur fribourgeois Aloys Mooser, datant de 1826. La console, en raison de l'étroitesse de la tribune, est placée latéralement. Modifié en 1904 par Theodor Kuhn, il fut restauré par la Manufacture d'orgues Kuhn de Männedorf, en 1972.
Composition de l'orgue Aloys Mooser de l'église de la Visitation:
Clavier unique: Montre 8', Suavial 8', Bourdon 8', Prestant 4', Flûte douce 4', Superoctave 2', Fourniture 3r 2'.
Pédalier: Soubasse 16'.
Traction mécanique. Sommiers à coulisses. Clavier: C - f'''. Pédalier: C-d'.
Liens Internet à consulter:
- http://www.youtube.com/watch?v=RXpKIyoWcKM (vidéo pour ce couvent de Fribourg),
- https://www.kath.ch/orden/f_visitation_fribourg.htm (l'esprit qui anime la Visitation),
- lien direct avec cet orgue Mooser dans le site de la Manufacture Kuhn: cliquer ici . (Avec la composition des jeux).
- https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/025904/2005-12-05/ (fondateur de la Visitation à Fribourg),
- orgue présent dans la base mondiale néerlandaise des Orgues: voir ici.
- autres renseignements: voir ici.
Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons un cliché personnel (30.12.2008) de l'orgue A. Mooser de l'église de la Visitation à Fribourg. Les autres clichés personnels se trouvent dans la rubrique " photos " attenante à cette page de texte.
Page relue et complétée en juillet 2020.