Depuis longtemps, nous avions l'idée en tête de visiter un jour la superbe église romane d'Amsoldingen. L'art roman nous a toujours fortement attirés. A l'occasion d'un passage à Thoune, il n'y avait que quelques km à ajouter pour accéder à Amsoldingen. En ce 23 fév. 2008, nous ne fûmes pas déçus de notre passage !
A Amsoldingen, il y avait un Chapitre avec une église au statut de Collégiale. Ce Chapitre connut un apogée culturel dans les années 1310 à 1330. Au 15ème siècle, il se trouva dans la zone d'influence de Berne, laquelle, en 1479, se fit céder, par le pape Sixte IV, le droit de présentation des chanoines. En vertu d'un "bref" papal de décembre 1484, le Chapitre d'Amsoldingen fut dissous et incorporé à celui de la cathédrale St-Vincent de Berne. Toutefois, les chanoines d'Amsoldingen résistèrent, soutenus qu'ils étaient par la population locale. Ils refusèrent de résider à Berne et n'acceptèrent pas que leur église ne devienne qu'une simple église paroissiale. La Réforme passa et l'ancienne Collégiale devint alors église paroissiale réformée d'Amsoldingen. Au 14ème siècle (vers 1320), le Chapitre d'Amsoldingen possédait plusieurs biens fonciers à l'extrémité du lac de Thoune.
L'église d'Amsoldingen est un très remarquable édifice roman des 10 et 11èmes siècles, construit, notamment, avec des matériaux récupérés des ruines romaines d'Avenches. Il s'agit d'un édifice encore pratiquement pré-roman dans un état de conservation remarquable. Cette église fut élevée sur les ruines d'un premier sanctuaire de l'an 700, dont des vestiges furent trouvés lors de fouilles. Au Moyen Age, le Chapitre eut la haute main sur Amsoldingen et sa région, avant de connaître les péripéties historiques mentionnées ci-dessus. Si l'édifice est de style roman primitif, le clocher date de 1400 environ. Des prédicateurs réformés très connus illustrèrent la vie d'Amsoldingen: d'abord Johannes Haller, un disciple du réformateur zürichois Zwingli, puis Samuel Lutz qui vécut à Amsoldingen de 1726 à 1738. A cette époque, Amsoldingen fut un centre important de la foi réformée en pays bernois.
Architecture et décor: l'église d'Amsoldingen se distingue, à l'extérieur, par un décor roman très rare au niveau de l'abside principale. Il s'agit d'arcatures romanes aveugles, n'ouvrant pas sur le choeur, mais agissant comme puissant effet de décor et de relief sur le contour de l'abside. De fait, ces arcatures "animent" magnifiquement l'ensemble architectural du chevet de l'église, surtout dans la lumière du matin. La présence de bandes lombardes ajoute encore au relief de ce chevet qui est devenu, dans l'histoire de l'Art, un grand classique de l'illustration, et de la photographie, au sujet de l'Art Roman d'influence lombarde en Europe occidentale. La crypte de l'église est un exemple magnifique de crypte romane avec voûtes d'arêtes. Elle fut un peu remaniée vers 1210. Le niveau du choeur de l'église est assez fortement surélevé par rapport à la nef, en raison justement de la présence de cette crypte. Une restauration de l'ensemble eut lieu en 1908 avec mise en évidence de la grande peinture murale du mur nord de la nef (un Christophorus ou St-Christophe datant de 1300 env.). Une nouvelle restauration eut lieu entre 1978 et 1980. On pense que le petit château qui s'élève devant l'église d'Amsoldingen représente partiellement l'ancien bâtiment du Chapitre, construction remaniée, notamment au 17ème siècle, puis au 19ème siècle, pour en faire un château (résidence de campagne privée).
L'orgue de l'église d'Amsoldingen: voici un instrument plutôt rare, puisqu'il s'agit d'un orgue construit en 1812 par le facteur argovien Johann Jakob Weber (selon les recherches effectuées par l'historien suisse de l'orgue Hans Gugger, en 1976). L'instrument a été restauré et se trouve actuellement dans son état pratiquement d'origine (on a notamment renoncé à ajouter un second clavier lors de la restauration).
Les jeux de cet instrument sont les suivants: à droite du clavier = Octav 4', Coppel 8', Superoctav 2', Principal 8', Subbass 16', Tremulant. A gauche du clavier = Cornet 4r, Dolcean 4', Quint 3', Mixtur 3r, Octavbass 8', Trompete 8'. Voici donc un rare témoin pratiquement intact de l'orgue du début du 19ème siècle en Suisse. L'orgue: cliquer ici .
[Remarque: concernant le jeu "Dolcean", consulter: http://www.organstops.org/d/Dulciana.html ; il s'agit d'un jeu de la famille des Diapasons].
Quelques liens Internet et ouvrages à consulter:
- brochure: Kirche Amsoldingen, Schweizerische Kunstführer, par Samuel Rutishauser, Edition des Guides suisses d'Art, Berne, 1992 (23 pages),
- https://www.amsoldingen.ch/ (site d'Amsoldingen),
- https://de.wikipedia.org/wiki/Kirche_Amsoldingen (l'église d'Amsoldingen),voici l'église et son orgue,
- https://www.swisscastles.ch/Bern/amsoldingen.html (vues aériennes: château, église),
- https://www.kirche-amsoldingen.ch/ (paroisse),
- https://www.picswiss.ch/12-BE/BE-126-01.html (photos agrandissables),
- page sur Amsoldingen: cliquer ici ,
- orgue présent dans la Base mondiale néerlandaise sur les Orgues: voir ici,
- autre lien sur Amsoldingen: voir ici, et voir une vidéo ici.
Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons un cliché personnel (23.02.2008) de l'orgue Johann Jakob Weber (1812) d'Amsoldingen. Cliquer sur l'image pour l'agrandir. Les autres clichés d'Amsoldingen figurent dans la rubrique "photos" attenante à cette page de texte.
Page relue et complétée début mai 2020. Révision complète en juin 2024.
Les catholiques d'Amsoldingen pourront se rendre à l'église catholique de la ville de Thoune voisine, l'église Sainte-Marie: voir ici et aussi ici.