Lors de notre déplacement à Paris, en novembre 2009, nous avons visité l'église Saint-Roch et ses orgues (1er Arrondissement).
Un peu d'histoire: à l'origine, on trouve mention d'une chapelle édifiée vers 1521 sous l'impulsion d'un commerçant parisien (un nommé Jean Dinocheau). Cette chapelle était située au Faubourg St-Honoré, près de Paris. En 1577, son neveu Etienne Dinocheau fit transformer la chapelle en église et la dédia à Saint Roch. En 1629, l'église St-Roch devint église paroissiale et fut transformée entre 1653 et 1740. La première pierre fut posée par le futur Louis XIV en mars 1653. La construction se poursuivra jusqu'en 1722 avec les architectes suivants: Jacques Lemercier, Etienne-Louis Boullée, Jules-Robert de Cotte (fils de Robert de Cotte), Jules Hardouin-Mansart, et Pierre Bullet. Le financement venant à manquer, la construction s'interrompt vers 1660 (seuls le transept et la dernière travée de la nef étaient achevés). En 1690, choeur et transept sont achevés et simplement plafonnés de bois. Dès 1701, Hardouin-Mansart fait construire la chapelle de la Vierge, vaisseau elliptique entouré d'un déambulatoire. Cette chapelle remarquable est reliée par une ouverture monumentale au déambulatoire du choeur de l'église. Les travaux, un nouvelle fois interrompus, reprennent en 1719, grâce à un don d'un banquier ( J. Law ). Les voûtes sont achevées et la toiture peut être construite ainsi que la façade de St-Roch. Entre 1728 et 1736, une tour est ajoutée à droite du choeur. En 1735, une tour construite en façade est détruite. Robert de Cotte établit les plans de la façade à deux étages qui sera réalisée par son fils Jules-Robert de Cotte, en 1736. Le niveau inférieur de la façade est d'ordre dorique et le niveau supérieur est d'ordre corinthien. La chapelle du Calvaire est construite, vers 1760, en prolongement de celle de la Vierge et de celle de la Communion. L'église St-Roch sera décorée par les artistes les plus remarquables de l'époque; exemple: le peintre Jean-Baptiste Marie Pierre peint l'Assomption qui décore la coupole de la chapelle de la Vierge. L'église Saint-Roch, richement pourvue en oeuvres d'art, fut dépouillée lors de la Révolution. Une partie de ce patrimoine de grande valeur sera récupéré et St-Roch recevra aussi des oeuvres d'art en provenance d'églises parisiennes qui furent détruites lors, notamment, des grands travaux d'urbanisme du 19ème siècle. L'église St-Roch est l'une des plus vastes de Paris avec ses 125 m de long, c'est aussi l'une des plus richement décorées (on dit même, parfois, que c'est le plus vaste musée de Paris à visiter librement et gratuitement). De nombreuses illustres personnalités sont inhumées dans cette église située en plein centre de Paris. Quelques exemples: André Le Nôtre, jardinier du Roi, Pierre Corneille, Marie-Anne de Bourbon (Princesse de Conti), Jean-Honoré Fragonard (peintre), et d'autres encore...
L'église Saint-Roch et l'art: ainsi que nous l'avons déjà dit, cette église est un véritable musée de la peinture et de la sculpture françaises depuis le 17ème siècle jusqu'aux 18 et 19èmes siècles. Le site Internet suivant ( cliquer ici [©] ) donne une description détaillée des oeuvres d'art qui ornent St-Roch. Nos photographiqes personnelles ne peuvent évidemment pas mettre en évidence toutes ces richesses, toutefois, elles donnent un bon aperçu des principaux chefs-d'oeuvre à observer. Le transept, en son bras gauche, est orné d'une vaste composition peinte représentant la Prédication de Saint Denis (par Joseph-Marie Vien, en 1767). Le bras droit du transept est orné d'une composition peinte représentant le Miracle des Ardents (par Gabriel-François Doyen, en 1767). La coupole de la croisée du transept représente (peintures murales) Dieu le Père, le Christ et des anges figurant l'Ascension, Saint Léon, Saint Roch et enfin le Christ entre deux anges figurant la Résurrection. Les peintures des voûtes du choeur sont de Adolphe Roger (1864) et présentent une série de saints et d'anges. Le déambulatoire de la chapelle de la Vierge est orné de plusieurs tableaux, dont certains assez monumentaux. On distingue, notamment: Jésus ressuscitant la fille de Jaïre (par Delorme, 1817), l'Evanouissememt de la Vierge (par Dupuy-Delaroche, 1859), le Christ chassant les marchands du Temple (par J.-Baptiste Thomas, 1822), un Saint Sébastien (Alexandre Rémy, 1807), un Christ et les enfants (par Victor Schnetz, 1830). La coupole de la chapelle de la Vierge est ornée d'une Assomption de Jean-Baptiste Marie Pierre (1756). L'un des chefs-d'oeuvre de St-Roch est probablement le groupe de la Nativité de Michel Anguier, marbre vibrant démotion et de douceur (17ème siècle), placé dans la chapelle de la Vierge. La tribune du Grand Orgue est ornée d'anges musiciens (1740) par Claude Françin; le buffet de l'orgue, quant à lui, date de 1751-52.
Les orgues:
° l'orgue de choeur est un instrument d'Aristide Cavaillé-Coll (1865) dans un buffet datant de 1845. Cet orgue fut revu par Charles Mutin en 1913. Depuis il est entretenu régulièrement. Il comprend 11 jeux réels sur deux claviers (56 notes) et un pédalier (32 notes). La composition des jeux en est la suivante (selon le site: //orgue.free.fr/): Grand-orgue avec Bourdon 16', Flûte harmonique 8', Montre 8', Prestant 4'. Récit expressif avec Flûte traversière 8', Gambe 8', Voix céleste 8', Flûte octaviante 4', Nasard 2 2/3', Trompette 8', Basson-Hautbois 8'. Pédalier avec Bourdon 16'. La transmission est mécanique.
° Le Grand Orgue: un certain Henri des Champs, dans l'ancienne église St-Roch, tenait l'orgue avant 1644. L'ancien orgue fut installé dans la nouvelle église et joué par un certain sieur de la Brune auquel succéda, en 1702, un certain Louis Garnier; Jean Landrin, en 1721, reprit la tribune. Cet organiste était encore titulaire, en 1754, lorsqu'on édifia le magnifique buffet que l'on peut encore admirer de nos jours. Le fameux organiste Claude Balbastre (1724-1799) entra en fonction en mars 1756 à St-Roch. Le buffet du Grand Orgue de St-Roch est un pur chef-d'oeuvre et, peut-être, l'un des plus beaux de Paris et même de France. Si le buffet est particulièrement beau, la tribune l'est tout autant avec ses bas-reliefs gracieux (anges musiciens) de Claude Françin. On sait par certaines archives et des relevés que le buffet fut édifié et sculpté en 1751. On sait également que le facteur François-Henri Lesclop reçut commande, en 1750, d'un grand orgue de 16 pieds pour St-Roch (4 claviers, 34 jeux). François-Henri Lesclop est le fils de lorganier Henry Lesclop et dAnne Enocq. Cette dernière est née du mariage dEtienne Enocq, facteur d'orgues renommé, et de Jacqueline Clicquot, de la grande famille des Clicquot. Au décès de François-Henri Lesclop, sa veuve demanda, en 1752, à Louis-Alexandre Clicquot d'achever l'instrument, ce qui fut fait en 1756. En 1769, François-Henri Clicquot effectua différents travaux à l'orgue de St-Roch (réfection de sommiers, ajout d'anches et de Flûtes). Ces travaux furent reçus avec satisfaction par les quatre organistes de Notre-Dame de Paris (Armand-Louis Couperin, Claude-Bénigne Balbastre, Nicolas Séjan, Marc-Antoine Charpentier). A la Révolution, des soldats de Bonaparte investirent la tribune et prirent la moitié des tuyaux d'étain pour en faire des cuillers et divers objets. Lors du rétablissement du culte, le curé de St-Roch ne put utiliser son Grand Orgue mutilé. L'orgue de St-Roch fut partiellement restitué avec du matériel instrumental provenant de différents instruments qui avaient été démontés (notamment à la chapelle de l'Ecole Militaire et à l'église des Petits-Augustins). C'est le facteur Dallery qui, utilisant au mieux ce matériel, arriva à faire revivre un grand orgue à St-Roch pour l'inauguration de 1805. En 1820, Pierre-François Dallery, fils de Pierre Dallery, complète le travail de son père en ajoutant des Flûtes, des anches et en augmentant la pédale. De 1839-40 à 1842, voici Aristide Cavaillé-Coll qui renouvelle complètement l'instrument en gardant, toutefois, des tuyaux anciens. Il augmente l'instrument, ajoute des jeux au Positif et Grand-Orgue et construit un Récit expressif neuf. Il ajoute une Machine Barker pour faciliter la traction mécanique et les accouplements et étend les claviers à 54 notes. Cavaillé-Coll s'occupera de l'orgue de St-Roch en 1859 et en 1881. Charles Mutin s'en occupe également vers 1901. Le maniement de l'instrument n'est pas très commode, mais la richesse de ses timbres est, alors, un exemple pour les responsables de l'harmonisation dans la facture d'orgues de l'époque. Une restauration complète est effectuée en 1927 par le facteur Joseph Gutschenritter fils. Le Récit est placé au 3ème clavier et le sommier de Bombarde passe au 4ème clavier. Il y aura des ajouts de jeux (Quintaton, Gambe, Voix céleste) au détriment d'une Clarinette et d'une Voix humaine. Des pédales de combinaisons sont ajoutées. Entre 1946 et 48, Pierre Cochereau, alors titulaire, fait augmenter le Récit. De 1991 à 1994, l'orgue est restauré complètement par le facteur Jean Renaud. La Commission des Monuments Nationaux souhaitait revenir à l'état du Cavaillé-Coll de 1842, mais cela ne fut pas possible en raison d'une harmonie difficile à retrouver. On revint donc à l'état de 1881 (C.-Coll), avec l'étendue de la Pédale de Charles Mutin.
° Cet orgue remarquable, au buffet taillé et soutenu par des madriers sculptés dans la masse, contient donc une partie instrumentale exceptionnelle, remontant à Lesclop, Clicquot, Dallery et Cavaillé-Coll ! Cet instrument est à la fois un orgue "classique" français et un orgue "romantique" français, ce qui est rare. Cet orgue est un témoin considérable de l'évolution de la facture française d'orgues à Paris. De nombreux organistes se sont succédés à sa tribune (pas moins de 14 depuis Jean Landrin avant 1756, en passant par Balbastre [1756-1795], Louis-James-Alfred Lefébure-Wély [1831-1847], Pierre Cochereau [1945-1955] et l'actuelle titulaire Françoise Levéchin-Gangloff, depuis 1973).
Composition du Grand Orgue de l'église Saint-Roch à Paris (selon les sites: //orgue.free.fr/ et uquebec.ca/):
I. Positif: Montre 8', Bourdon 8', Flûte harmonique 8', Gambe 8', Voix céleste 8', Prestant 4', Dulciana 4', Nazard 2 2/3', Doublette 2', Tierce 1 3/5', Grande Fourniture II rangs, Fourniture IV rangs, Cymbale III rangs, Cornet V rangs, Trompette 8', Cromorne 8', Hautbois 8', Clairon 4'.
II. Grand-Orgue: Corni dolci 16', Montre 16', Bourdon 16', Montre 8', Salicional 8', Bourdon 8', Première Flûte harmonique 8', Seconde Flûte harmonique 8', Prestant 4', Gambe 4', Octavin-Doublette 2'.
III. Récit expressif: Flûte harmonique 8', Flûte octaviante 4', Octavin 2', Bourdon 8', Gambe 8', Voix céleste 8', Trompette 8', Basson-Hautbois 8', Voix humaine 8', Clairon 4', Trémolo.
IV. Bombarde: Bombarde 16', Première Trompette 8', Deuxième Trompette 8', Clairon 4', Deuxième Clairon 2/4/8'.
Pédale: Flûte 16', Flûte 8', Flûte 4', Grande Quinte 5 1/3', Bombarde 16', Trompette 8', Basson 8', Clairon 4', Clairon 2'.
Accessoires: Pos./GO, Bomb./GO, Réc./GO-16' et 8', Réc./Bomb. Tirasses: pour Pos., GO, Bombarde, Récit. Appel Machine Barker. Appel d'anches pour P et Réc. Trémolo. Suppression Bombarde. Pédale expressive pour le Récit.
Liens Internet divers:
- http://www.parisbestlodge.com/saintroch.html (belle monographie: © !),
- http://www.musiqueorguequebec.ca/orgues/france/srochp.html (site canadien en français),
- http://www.musiqueorguequebec.ca/orgues/france/srochp1.html (photos en relation avec le lien ci-dessus, ©),
- https://lesegarements.wordpress.com/category/eglise-st-roch-paris/ (belle monographie: ©!),
- http://www.musimem.com/saint-roch.htm (quelques glanures musicales sur St-Roch),
- http://orgue.free.fr/a1o5.html (le Grand Orgue),
- http://orgue.free.fr/a1o5bis.html (l'orgue de choeur).
- les orgues dans la base mondiale de l'Orgue: grand orgue puis orgue de choeur.
- Inventaire des Orgues de France (base de données en cours de création en 2022): St-Roch = grand orgue et orgue de choeur.
- autre référence: grand orgue, orgue de choeur et orgue Abbey de la chapelle de la Vierge.
Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons un cliché personnel du Grand Orgue de l'église Saint-Roch à Paris (F). Les autres clichés personnels de ce lieu figurent dans la rubrique " photos " attenante à cette page de texte.
Monographie revue, corrigée, et complétée en octobre 2022.