En novembre 2012, nous avons eu la possibilité de visiter l'église parisienne de Saint-Augustin (8ème arr.), lors d'un déplacement dans la capitale française. Par temps couvert, vers 16 h 30, les photos n'ont pas aussi bien rendu que nous l'aurions souhaité.
Quelques notes: " Sous le Second Empire, le quartier de la petite Pologne connut un profond remaniement à la suite des travaux de Haussmann qui y traça de larges avenues rectilignes, tandis qu'un afflux démographique sans précédent modifiait considérablement la population. La nécessité d'y établir une paroisse décida de la création d'un édifice cultuel en accord avec l'urbanisme environnant qui se développait sous le signe de l'élégance et de la fortune. Ce fut la construction de l'église Saint-Augustin, (= très beau lien !) réalisée par Victor Baltard, l'architecte des célèbres Halles de Paris. La forme triangulaire du terrain, à l'angle de l'avenue César Caire et du boulevard Malesherbes, détermina le plan si singulier du monument : de la façade très resserrée part une vaste nef sans bas-côté qui s'élargit progressivement jusqu'au transept octogonal flanqué de deux chapelles latérales et surmonté d'un dôme couronné d'une lanterne ajourée. L'originalité principale du monument tient dans sa structure métallique. C'est en effet le premier édifice religieux d'une telle ampleur (près de 100 mètres de long ; 80 mètres sous le dôme) à utiliser le fer et la fonte, ces nouveaux matériaux de construction alors en vogue dans la seconde moitié du XIXe siècle. Dissimulés sous un lourd manteau de pierre à l'extérieur, ils apparaissent au grand jour à l'intérieur de la nef et font partie intégrante du décor comme en témoignent les anges en fonte de Schoenewerk qui couronnent les piliers. Réalisée de 1860 à 1871, l'église Saint-Augustin vit sa décoration supervisée par Baltard lui même. Inspiré de l'art roman et byzantin, l'édifice accueille le visiteur sous un porche à trois baies surmonté d'une frise sculptée du Christ et des apôtres par Jouffroy. Une rose en fonte de fer doré occupe la partie haute de la façade sous un arc en plein cintre. A l'intérieur, la partie centrale du transept abrite un sanctuaire entouré d'une balustrade pleine en pierre et en marbre : au milieu s'élève un riche ciborium de fonte et de fer et le maître-autel orné de grilles de bronze, de colonnes de marbre et de mosaïques de Lyon. Il est à signaler des toiles de Bouguereau dans les chapelles transversales et une statue de bronze de Joseph par Chapu. Les seize figures peintes sous le dôme sont l'oeuvre de Jean-Louis Bézard. L'Empereur lui même avait choisi l'église Saint-Augustin pour abriter sa sépulture et c'est dans cet édifice si représentatif du Second Empire par son architecture métallique et par l'éclectisme de son style que les tenants du rapatriement de la dépouille de Napoléon III en France souhaiteraient voir inhumer le souverain " (de Karine Huguenaud, publié dans le site suivant: http://www.napoleon.org/fr/credits/credits.asp ).
A St-Augustin, toute l'enveloppe du bâtiment est en pierre, tandis que l'armature est entièrement métallique, synthèse entre le fer et la persistance de formes traditionnelles, inspirée en partie par la cathédrale Sainte-Marie des Fleurs de Florence. La façade se compose d'un portail à trois arcades dont les piliers sont surmontés des symboles des quatre évangélistes, d'une galerie sculptée des figures du Christ et des douze apôtres, d'une grande rosace encadrée par un grand fronton, et enfin d'un dôme à coupole culminant à soixante mètres de hauteur. Les trois portes de la façade sont réalisées par Christofle ; l'ensemble mêle éléments romans et Renaissance. La richesse ornementale de la façade, composée de quarante-cinq figures en pierre, douze en bronze, trois sujets peints sur lave, est soulignée par les critiques contemporains. L'architecte Louis-Auguste Boileau avait utilisé à Saint-Eugène (Paris) en 1853, pour la première fois dans une église, le fer et la fonte, usant des formes gothiques avec imagination, arrivant à donner une impression d'amplitude en multipliant les perspectives. Saint-Augustin n'a peut-être pas bénéficié de la même inventivité, mais l'intérieur est impressionnant. Le monument a le mérite de se détacher des immeubles standardisés qui l'entourent et d'offrir une véritable réussite de scénographie urbaine. L'église, dans son état actuel, a subi les attaques du temps et, notamment, de la rouille. Une partie de ses structures métalliques, en hauteur, mais aussi au niveau des fondations, montrent des attaques inquiétantes. Les parements de pierre, eux aussi, subissent les assauts de la pollution, du gel. Des mesures préventives ont conduit à la pose, provisoire, de certains filets protecteurs, notamment au niveau de la vaste coupole. Une Association pour la Préservation de St-Augustin a été créée. Le site de cette Association montre, par quelques clichés, l'état préoccupant de certains endroits de ce monument magnifique et emblématique du Paris de la fin du 19ème siècle.
De remarquables vitraux de différents artistes ornent l'église St-Augustin: Charles-Laurent Maréchal (1801-1887), Claudius Lavergne (1814-1887), (1814-1887), rose, derrière l'orgue, du maître-verrier Prosper Lafaye (1806-1883) [voir le lien suivant: cliquer ici, 13 vitraux y sont représentés, cliquer sur le chiffre, à gauche].
Les orgues: le premier grand orgue a été construit par le facteur Charles Barker-Spackmann associé à Albert Peschard. Barker, déjà connu pour l'invention du levier pneumatique (ou machine Barker), va l'appliquer à St-Augustin, mais en plus il inaugure, en 1868, en cette église, le nouveau mode de traction qui se fait jour: la transmission électrique. L'inauguration de l'orgue, en juin 1868, est un événement ayant eu un retentissement important en France et à l'étranger. Suite aux troubles de la Commune (1870), Charles Barker quitte la France et confie l'entretien de l'orgue de Saint-Augustin à l'un de ses élèves, Paul Férat. De 1876-77, celui-ci perfectionne le système électrique. Ces travaux sont reçus en mars 1877, sous la présidence d'Eugène Gigout, déjà présent en 1868, à l'inauguration. En 1889, Férat cède l'entretien de l'orgue à Cavaillé-Coll. Ce dernier n'est pas vraiment préparé au système de traction électrique et il confie la tâche à l'un de ses fils, Gabriel. C.-Coll souhaite conserver la traction électrique mais il propose, en revanche, une réharmonisation et une modification de la composition. C'est ce qu'il propose en 1893 au conseil de Fabrique de St-Augustin. Les 3 claviers sont portés à 56 notes, le pédalier à 30 notes et 9 jeux seront ajoutés (52 jeux en tout). Le marché est signé en juillet 1897. Le nouvel orgue de St-Augustin est inauguré en mai 1899, par Eugène Gigout: il est, finalement, à transmission mécanique avec assistance du levier Barker. En 1925, Charles Mutin reprend l'ouvrage et porte l'orgue à 54 jeux. L'orgue de Saint-Augustin est un instrument romantique à ce moment; il est reconsidéré au plan esthétique, en 1962, par la Manufacture Beuchet-Debierre de Nantes. Des mixtures sont ajoutées à chaque clavier et Jacques Picaud revoit l'harmonistaion. La Ville de Paris décide d'une restauration de ce grand orgue en 1988 en repensant l'harmonisation et la composition dans le sens d'un retour à l'esthétique symphonique et romantique. C'est la facteur Bernard Dargassies qui effectue ce travail. De grands organistes se sont illustrés à cette tribune: Eugène Gigout, Jean Huré, André Fleury, Suzanne Chaisemartin, et, actuellement Didier Matry. L'orgue de choeur est un instrument Cavaillé-Coll-Mutin construit en 1899. Il fut révisé par le facteur Gonzalez en 1973 et enfin par Bernard Dargassies en 1983. C'est un bel instrument riche de 21 jeux réels et à transmissions électriques.
Composition du grand orgue de l'église Saint-Augustin à Paris [selon le site du titulaire actuel, Didier Matry]:
I. GRAND-ORGUE (56 notes): Montre 16', Bourdon 16', Montre 8', Salicional 8', Bourdon 8', Flûte Harmonique 8', Flûte douce 4', Prestant 4', Quinte 2 2/3', Doublette 2', Cornet V rangs (à l'UT), Fourniture V rgs, Cymbale IV rgs, Bombarde 16', Trompette 8', Clairon 4'.
II. POSITIF (56 notes): Bourdon 16', Principal 8', Bourdon 8', Flûte Harmonique 8', Flûte douce 4', Prestant 4', Quinte 2 2/3', Plein Jeu IV rgs, Cromorne 8', Trompette 8', Clairon 4'.
III. RECIT EXPRESSIF (56 notes): Quintaton 16', Diapason 8', Cor de Nuit 8', Viole de Gambe 8', Voix Céleste 8', Flûte octaviante 4', Octavin 2', Clarinette 8', Basson-Hautbois 8', Voix Humaine 8', Bombarde 16', Trompette 8', Clairon 4', Carillon III rgs.
PEDALE (30 notes): Bourdon 32', Soubasse 16', Flûte 16', Contrebasse 16', Basse 8', Flûte 8', Flûte 4', Basson 16', Basson 8', Bombarde 16', Trompette 8', Clairon 4' (selon le site orgue.free.fr, il y aurait encore, à la Pédale, un Plein-Jeu IV rgs) [?].
Accessoires: Accouplements POS/GO, REC/GO, REC/POS, Octaves graves GO, Octaves aigues REC/GO, Tirasses GO, POS, REC, Appels d'Anches PED, GO, POS, REC, Appel GO., Tremblant Récit.
Composition de l'orgue de choeur de l'église Saint-Augustin, Paris [selon le site orgue.free.fr/ ]:
Grand-Orgue: Bourdon 16', Montre 8', Salicional 8', Flûte harmonique 8', Prestant 4', Flûte 4', Doublette 2', Plein-Jeu V rgs, Trompette 8'.
Récit expressif: Cor de nuit 8', Dulciane 8', Voix céleste 8', Flûte 4', Quarte de Nasard 2', Sesquialtera II rgs, Plein-Jeu III rgs, Cymbale III rgs, Basson 16', Trompette 8', Basson-Hautbois 8', Clairon 4'.
Pédale: Soubasse 16', Principal 8', Salicional 8', Bourdon 8', Principal 4', Principal 2', Basson 16', Trompette 8', Clairon 4'.
Accessoires: les claviers comptent 61 notes et le pédalier 32 marches. Transmissions électriques. Accouplements: Réc./GO en 16', 8', 4'. Réc./Réc. en 16' et 4'. Tirasses: GO en 8', Réc. en 8' et 4'.
Liens Internet utiles:
- https://www.saintaugustin.net/ (lien paroissial),
- http://paris1900.lartnouveau.com/paris08/l_eglise_st_augustin.htm (lien remarquable),
- https://www.napoleon.org/magazine/lieux/eglise-saint-augustin-paris/ (autre site intéressant),
- http://www.musiqueorguequebec.ca/orgues/france/saugustinp.html (texte en français),
- http://www.musiqueorguequebec.ca/orgues/france/saugustinp1.html (photos),
- http://orgue.free.fr/a8o12.html (le grand orgue) et l'orgue de choeur: http://orgue.free.fr/a8o12bis.html ,
- https://www.youtube.com/watch?v=G4ZfVCB8LTk (vidéo de cette église),
- http://paris1900.lartnouveau.com/documents/baltard.htm (lien pour l'architecte Baltard),
- https://www.leparisdesorgues.fr/facteurs-d-orgues/dargassies-bernard/ (page sur B. Dargassies),
- le grand orgue de St-Augustin dans le site du titulaire: voir ici et voir aussi ici, histoire des titulaires,
- grand orgue de St-Augustin dans la base mondiale des Orgues: voir ici et aussi ici pour l'orgue de choeur,
- et voici l'orgue de l'église St-Eugène-Ste-Cécile: voir ici . Eglise mentionnée dans le texte ci-dessus, dont l'intérieur est en fonte et riche en décors peints (original) !
- liens pour le grand orgue et l'orgue de choeur dans l'Inventaire des Orgues de France (en cours de rédaction en 2022).
Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons en ligne un cliché personnel du grand orgue de l'église Saint-Augustin à Paris. Les autres clichés personnels figurent dans la rubrique "photos" attenante à cette page de texte.
Monographie relue, corrigée et complétée en septembre 2022.