La présente monographie a pour modeste but d'aborder, le mieux possible, une facette un peu moins connue du grand compositeur allemand Félix Mendelssohn: ses oeuvres pour orgue et surtout les instruments qu'il a connus de son temps, dans ses voyages, et sur lesquels il s'est exercé ou a composé, en Allemagne notamment. Le 3 février 2009: date anniversaire de la naissance de Mendelssohn.
Bibliographie:
° Dictionnaire de la Musique, par Marc Vignal, éditions Larousse, Paris, 2005.
° Lexikon der Orgel, Orgelbau, Orgelspiel, Komponisten und ihre Werke, Interpreten, Verlag Laaber, Köthen, 2008.
° Dictionnaire de la Musique, Collection Marc Honegger, volume 2, éditions Bordas, Paris, 1993.
° Les nombreux sites Internet parlant de Félix Mendelssohn (mentionnés ci-dessous, et dans le texte).
Vie de Félix Jakob Ludwig Mendelssohn, né à Hambourg (1809) et décédé à Leipzig (1847): Mendelssohn est issu d'une famille juive allemande très cultivée (son père était banquier). Mendelssohn grandit dans la tradition libérale de l'humanisme allemand et dans la religion protestante. La famille était aisée. Depuis 1811, elle s'était établie à Berlin et fit l'acquisition, en 1825, d'une maison spacieuse où venaient se présenter les philosophes, savants, poètes et musiciens de l'époque. Mendelssohn eut les meilleures professeurs dans le domaine artistique, notamment C.F. Zelter pour la composition et Ludwig Berger pour le piano. Mendelssohn étudia plusieurs instruments: le violon, le piano et bien sûr l'orgue. Il pratiqua aussi le chant. A l'âge de 12 ans, Mendelssohn fut introduit auprès de Goethe par Zelter. A 16 ans, Mendelssohn passa un examen devant L. Cherubini, alors Directeur du Conservatoire de Paris, et il fut jugé apte à embrasser une carrière musicale.
En avril 1829, il entreprend son premier voyage en Angleterre. Ce pays devait devenir sa seconde patrie. Au printemps 1830, il entreprit un voyage d'études le menant à Weimar, Munich, Vienne, puis en Italie, en Suisse, à Paris, et à Londres. A Paris, il fit la connaissance de Chopin, Liszt, Rossini. Mendelssohn estimait Berlioz en tant qu'homme mais un peu moins comme compositeur. En revenant en Allemagne, en 1832, des choses avaient changé: Goethe et Zelter étaient morts. Mendelssohn posa sa candidature à la sucession de Zelter à la direction de la Singakademie de Berlin, candidature qui fut repoussée (1833). Il put toutefois diriger, en 1833, le Festival de Rhénanie du Sud à Düsseldorf. En 1837, il épouse Cécile Jeanrenaud, d'ascendance huguenote (et de lointaine origine suisse). Il eurent 5 enfants. Mendelssohn travaille beaucoup, il compose et assure des concerts au Gewandhaus de Leipzig, concerts de musique contemporaine de son époque, mais aussi de musique baroque. En 1829, il dirigea la Passion selon St. Matthieu de J.S. Bach, en première audition depuis la mort de Bach. Il fait aussi jouer Mozart, Beethoven, Schubert.
Le roi de Prusse demanda à Mendelssohn de réorganiser la vie musicale à Berlin et d'y occuper un poste proche de celui d'un Compositeur de Cour (1841). Durant 1841-44, il fit de nombreux séjours à Berlin et composa, à la demande du Roi, de la musique de scène et spirituelle. En avril 1843, il concrétise un projet qui lui tenait à coeur: inaugurer le Conservatoire de Leipzig (*), ville où la vie intellectuelle était plus agréable qu'à Berlin. Fin 1844, Mendelssohn cesse ses activités à Berlin. A cette époque, il est considéré en Europe et en Amérique comme le plus célèbre compositeur vivant. Il jouissait d'une grande indépendance à Leipzig et exerçait une grande influence grâce à ses succès nombreux. Mais il travaillait beaucoup au point de mettre en danger sa santé. La mort de sa soeur, en mai 1847 l'affecta énormément (au point d'en faire une vraisemblable attaque cérébrale). Il termina sa vie, en novembre 1847, physiquement brisé, non sans écrire encore plusieurs oeuvres importantes. La nouvelle du décès de sa soeur l'affecta si brutalement qu'il s'effondra en poussant un grand cri. L'Europe venait de perdre l'un des plus grands compositeurs de la première moitié du 19ème siècle. (*) Le Conservatoire de Leipzig se dénomme aujourd'hui: Ecole Supérieure de Musique et de Théâtre Felix Mendelssohn de Leipzig (fondée par Mendelssohn en 1843).
A propos de l'orgue, Felix Mendelssohn eut l'occasion, durant sa vie et ses voyages, de jouer de plusieurs instruments. Dans les années 1820, il entreprit, avec Carl Friedrich Zelter, des excursions dans les environs de Berlin. Il eut ainsi l'occasion de jouer de quelques orgues, encore en l'état pratiquement original, du grand facteur Joachim Wagner: en la Marienkirche de Berlin, dans le Dom de Brandenburg notamment, ville distante d'une cinquantaine de km de Berlin. Mendelssohn appréciait ces instruments, tout comme ceux du grand Gottfried Silbermann. Plus tard, après 1820, Mendelssohn effectua des voyages en Allemagne, en Italie, en Angleterre, mais aussi en Suisse (notamment à Bulle, en 1822, et à Fribourg, où il apprécia beaucoup les instruments d'Aloys Mooser, instruments alors neufs, car datant du début du 19ème siècle). Les oeuvres pour orgue de Mendelssohn nécessitent une étendue suffisante du Pédalier, ce qui n'était pas le cas de toutes les orgues anglaises de l'époque, raison pour laquelle il préférait les instruments anglais plus modernes (à partir de 1830): Mendelssohn appréciait particulièrement la présence d'un Schwellwerk (Récit expressif) dans ces instruments. Le Schwellwerk n'était pas encore couramment appliqué en Allemagne. L'orgue de la Marienkirche de Berlin en possédait un, apparemment, à l'époque où Mendelssohn joua de cet instrument [selon le Lexikon der Orgel, 2008]. Mendelssohn apprécia également beaucoup certains instruments construits par les facteurs allemands Stumm, notamment Henrich Stumm. L'orgue H. Stumm, aujourd'hui disparu, de la Katharinenkirche de Frankfurt-am-Main (construit de 1779-80) fut un orgue très apprécié de Mendelssohn (il composa sept pièces pour cet instrument); Mozart joua également de cet instrument en 1790. [voici une vue de cet orgue de Frankfurt-am-Main, avant sa destruction en 1944]. Les orgues Stumm, encore d'esthétique classique, ont constitué un certain idéal sonore pour le compositeur Mendelssohn. Les orgues plus romantiques d'Eberhard Friedrich Walcker, déjà construites à cette époque, notamment en la Paulskirche de Frankfurt-am-Main (en 1833), n'étaient pas autant appréciées par le compositeur, semble-t-il [voici la composition de l'orgue Walcker de la Paulskirche de Frankfurt-am-Main].
Jean-Baptiste Robin, organiste et compositeur, en 2004, se posa judicieusement la question de savoir quels sont les instruments les mieux adaptés pour l'enregistrement de l'oeuvre d'orgue de Mendelssohn ? Ce musicien, auteur d'une intégrale de l'oeuvre d'orgue de Mendelssohn, se prononce pour les orgues construites par le facteur allemand Johann Andreas Engelhardt (1804-1866), notamment celui de Herzberg en Thuringe (1843-45) [référence du lien de J.B. Robin, 2004]. Cet instrument est d'esthétique classique et "pré-orchestrale", dans le droit fil des orgues des facteurs Stumm (Allemagne) ou Mooser (Suisse). Dans toutes ces prises de position, il ne faut pas oublier que Mendelssohn avait une grande admiration pour les orgues de Gottfried Silbermann, dont l'un des meilleurs exemples se trouve en la Petrikirche de Freiberg.
Catalogue des oeuvres pour orgue de F. Mendelssohn:
° https://fr.wikipedia.org/wiki/Felix_Mendelssohn (lien à ouvrir),
° http://www.musiqueorguequebec.ca/catal/mendelssohn/menf.html (catalogues des oeuvres complètes, notamment d'orgue),
° http://jbrobin.com/?q=discographie-en-savoir-plus&id=8&langue=FR (oeuvres pour orgue de Mendelssohn).
Instruments utilisés, ou conseillés, pour des enregistrements de l'oeuvre d'orgue de Mendelssohn:
° Orgue Johann Andreas Engelhardt du Museum Schloss Herzberg: voir ici
° Disques de Jean-Baptiste Robin, en partie enregistrés sur l'orgue J.A. Engelhardt de la Nicolaikirche de Herzberg: voir ici ,
° Autre instrument de J.A. Engelhardt utile pour de tels enregistrements: cliquer ici ,
° Autre intégrale de l'oeuvre d'orgue de Mendelssohn (par Olivier Vernet): voir ici .
La musique de F. Mendelssohn est longuement analysée dans le gros ouvrage publié sous la direction de Marc Honegger, en 1970 puis 1993 (deux volumes). On peut en gros distinguer deux sortes de musique chez Mendelssohn: les compositions de jeunesse, considérées parfois, par certains, comme un peu "naïves". Il s'agissait d'une musique "de salon", élégante, mais considérée, parfois, comme superficielle. Sa musique, vers 1839 environ, devait changer et être plus en rapport avec ses conflits intimes et des tourments intérieurs. Il fut profondément marqué par ses expériences berlinoises de 1841-45: il se rendit compte que ses musiques n'avaient ni le public ni l'effet souhaités. Il s'imagina longtemps qu'une bonne musique permettrait aux hommes de s'améliorer. Ce n'était qu'une illusion dont il se rendit compte lors des oppositions réactionnaires qu'il rencontra à la Cour de Berlin. En 1844, il quitta donc ses activités à Berlin pour se concentrer sur Leipzig. Les activités qu'il déploya à Leipzig le rendirent très célèbre en Europe. L'orchestre du Gewandhaus de Leipzig étant alors considéré comme l'une des meilleures formations du moment.
L'oeuvre d'orgue: le compositeur et organiste Jean-Baptiste Robin distingue deux types d'oeuvres d'orgue chez Mendelssohn. Il y a des oeuvres de jeunesse (1820 - 1828): notamment Trois Trios de 1820, un Ostinato de 1823, la Fantasia und Fugue en sol mineur (écrite en 1823). Les autres oeuvres sont classées par J.B. Robin dans les dates de 1839 à 1844: notamment deux Fugues datant de 1839, un Präludium en do mineur (1841), un Trio en fa majeur (1844), un Choral et Fugue en ré mineur (1844).
Quant à nous, le 3 fév. 2009, nous avons acheté le grand choix d'oeuvres pour orgue de Mendelssohn (2 CD) présentées par l'organiste Ursula Hauser à la tribune du Grand Orgue Ladegast du Dom de Schwerin, en Allemagne. Un instrument aussi bien adapté à ce répertoire.
Quelques liens Internet en rapport avec Mendelssohn et ses oeuvres pour orgue:
- l'orgue G. Silbermann de la Petrikirche de Freiberg en Allemagne, instrument apprécié de Mendelssohn: cliquer ici ,
- orgue Johann Andreas Engelhardt (1856), à Wettmar, St. Marcus Kirche; un exemple d'un orgue Engelhardt: cliquer ici ,
- un exemple d'un orgue Stumm (1778), à l'Abteikirche à Sayn: cliquer ici ,
- inventaire partiel mais significatif des orgues Stumm: cliquer ici ,
- l'orgue J.A. Engelhardt de la Nicolaikirche de Herzberg (1845), instrument exemplaire pour la musique de Mendelssohn: cliquer ici .
Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page de texte, nous mettons un portrait de F. Mendelssohn. [Source: //de.wikipedia.org/].
Monographie révisée en juillet 2023.