Bibliographie:
- Eglises et Monastères suisses, par K. Speich et H.R. Schläpfer, Editions Ex Libris, Zürich, 1979.
- L'église Sainte Elisabeth de Bâle, brochure en vente à l'entrée de l'église (Eglise Ouverte).
Sites Internet à visiter :
- https://offenekirche.ch/kirche/ , et consulter aussi ici,
- https://altbasel.ch/fromm/stlisbeth2.html (histoire),
- https://de.wikipedia.org/wiki/Liste_von_Sakralbauten_in_Basel . Et ici l'église en extrait du précédent lien, avec composition des jeux de l'orgue Merklin.
- vue de l'orgue (cliché personnel dans Wikipedia) et vue des très beaux vitraux du choeur,
- vue et composition de l'orgue dans un site suisse, l'orgue présent dans la Base mondiale néerlandaise des Orgues ainsi que le petit orgue de nef,
- https://orgel-basel.ch/de/kirchen/elisabethen (église et son histoire),
- https://orgel-basel.ch/de/orgeln/kirche-3 (l'orgue et son histoire: dernière révision en 1994 par Eduard Müller, Bottmingen),
- intérieur de la flèche de la tour: attention, actuellement, en 2020, il y a des risques de chutes de pierres (lu dans des articles de la presse bâloise).
Eglise Ste Elisabeth , église ouverte ("offene Kirche") : voici un monument très caractéristique de la ville de Bâle. Ce sanctuaire est le sanctuaire néo-gothique le plus grand de Suisse et aussi le plus connu. Le fait est que cette église est immense : elle peut offrir 1200 places assises. La première église Ste. Elisabeth fut construite au 14ème siècle. A l'origine, elle fut chapelle d'un hôpital. Elle fut dédiée à Sainte Elisabeth de Thuringe. En 1516 elle fut rebâtie et utilisée comme église fille de la cathédrale au moment de la Réforme. Au 19ème siècle, elle était devenue trop petite mais aussi délabrée. Un patricien bâlois fit une importante donation, il s'agissait de Christoph Merian Burckhardt . Un concours est alors ouvert, en 1856, pour élever une très grande église réformée en respectant le style médiéval. Après une rigoureuse sélection, les architectes Caspar Josef Jeuch (Badois) et le Zürichois Ferdinand Stadler furent retenus. Le projet de Stadler fut finalement retenu. Tout évoque, ensuite, le romantisme, dans la suite des étapes de la construction. Il y eut création d'un véritable atelier de bâtisseurs à l'image de ceux du Moyen-Âge pour les cathédrales. Les ouvriers s'astreignirent aux règles religieuses. L'église n'est exclusivement faite que de pierres, sans concession aux techniques contemporaines qui commençaient à poindre (béton, armatures métalliques...). La construction dura de 1857 à 1865. Les calculs de l'ingénieur furent aussi précis que ceux des architectes de l'époque gothique. Le résultat est une vaste église à 3 nefs et grandes tribunes sur les bas-côtés. Les piliers de la nef sont conformes à ce que l'on observe dans les grandes cathédrales. Les sculptures extérieures, les pinacles, les contreforts à pignons ouvragés, la tour frontale rappelant fortement celle de Fribourg-en-Brisgau , tout pousse à admirer cet édifice qui s'apparente, dans l'élan de sa construction, à la cathédrale de Cologne. L'Elisabethenkirche de Bâle est le seul monument en Suisse affichant un "historisme" de classe internationale. Les vitraux du choeur, exceptionnels, sont des chefs-d'oeuvre accomplis de l'art du vitrail du milieu du 19ème siècle. Ils sont l'oeuvre des frères Christian et Heinrich Burkhardt de Münich (1865). La technique adoptée est très complexe: une cuisson des verres après chaque couche d'émail. Les 3 immenses verrières du choeur sont des chefs-d'oeuvre absolus du vitrail du 19ème s. en Suisse.
A l'origine église paroissiale, l' Elisabethenkirche fut menacée de démolition en 1968 (pour en faire un...parking). Une autre église, l'église Saint-Luc, est construite dans le voisinage en 1973. Ste Elisabeth perd son rang de paroissiale. La construction dans le voisinage immédiat du nouveau Théâtre de la Ville fait que l'on décide d'adapter Ste Elisabeth à une nouvelle vocation: celle d'un lieu "polyvalent" pour des spectacles, des concerts, des manifestations religieuses importantes, des Sons et Lumières. Aujourd'hui, Ste Elisabeth est une Eglise Ouverte ("eine offene Kirche") où chacun peut venir se recueillir en toute paix. On peut y rencontrer des prêtres ou des pasteurs à l'écoute des problèmes de la société contemporaine. C'est aussi un lieu où les religions, les arts, les croyants, les non-croyants se croisent librement. Une grande chaleur se dégage de cet édifice grandiose. Sa visite ne laisse pas insensible...
Les orgues : le premier instrument fut un orgue du facteur Joseph Merklin, construit en 1862 à Paris et installé à Ste Elisabeth avant 1864 , date de sa consécration. Il comprenait à l'origine 29 jeux sur 2 claviers et pédalier. Il fut agrandi en 1913 avec adjonction d'un 3ème clavier. Ceci eut pour conséquence de faire avancer l'orgue de près d'un mètre en avant sur la tribune. L'électrification de la traction fut faite dès 1899. Une révision eut lieu notamment en 1937 par la manufacture Theodor Kuhn AG. Une dernière restauration eut lieu en 1994 par le facteur Eduard Müller de Bottmingen. La façade de cet orgue est un pur produit de la facture française des années 1860 à 70. A ce point de vue, l'orgue de Ste Elisabeth est un instrument important dans notre pays et doit être absolument protégé.
Grâce à la grande amabilité de M. Eduard Müller , facteur d'orgues à Bottmingen, nous pouvons donner la composition de l'orgue de l' Elisabethenkirche (après la révision de 1994 ) :
Clavier 1 : Principal 16' (Merklin), Principal 8' (Merklin), Bourdon 8', Salicional (Merklin), Oktav 4' (Merklin en partie), Flöte 4' (Merklin, Zimmermann), Quinte 2 2/3', Merklin, Zimmermann), Oktav 2' (Merklin en partie), Mixtur 4-6f 2', Cornett 8' (Merklin), Zinke (Kuhn 1937). Clavier 2 : Principal 8', Gedeckt 8' (Merklin en partie) Gemshorn 8', Oktav 4', Blockflöte 4', Quintflöte 2 2/3', Principal 2', Nachthorn 2', Terz 1 3/5', Mixtur 1 1/3', Trompete 8' (Kuhn, 1937), Clairon 4' (Kuhn, 1937). Clavier 3 : Gedeckt 16' (Merklin en partie), Nachthorn 8' (Merklin en partie), Gedeckt 8' (Merklin), Principal 4', Echoflöte 4' (Merklin en partie), Principal 2', Larigot 1 1/3', Cymbel (Cymbale 1' (Merklin en partie), Oboe 8' (Merklin en partie). Pédalier : Contrabass 16' (Merklin), Subbass 16' (Merklin), Echobass 16' (Merklin en partie), Flötbass 8' (Merklin), Gedeckt 8' (Merklin en partie), Choralbass 4', Flöte 2', Bombard 16' (Kuhn, 1937), Fagott 8' (Kuhn, 1937), Singend Cornett (Cornet chantant) 4' (Kuhn, 1937). On voit donc bien que le 2ème clavier a été introduit lors de la restauration de 1913, notamment, par le facteur Zimmermann . Mais le reste de la partie instrumentale de ce magnifique orgue est en très grande partie du facteur Merklin (1864). On a là un orgue digne d'être protégé. Un grand merci à M. Eduard Müller !
Voir notre " galerie de photos " personnelles prises fin 2006.
Page révisée début mars 2020. Une révision attentive de cette monographie a été faite en mai 2024.