Le 13 mai 2009, nous avons visité le Temple de Carouge à Genève.
Bref historique de Carouge: Carouge est une ville créée sur la rive gauche de l'Arve, par la monarchie sarde dans le dernier quart du 18ème siècle, dans le but de concurrencer Genève, sa puissante voisine. Le site est ancien car on y a mis en évidence les restes de deux ponts successifs sur l'Arve (pour l'opidum gaulois de Genua, puis comme lien avec la cité romaine de Genava). Plus tard, aux 15, 16 17 et 18èmes siècles, l'histoire locale devient compliquée en raison des rivalités et des conflits locaux (fiefs complexes). Carouge et quelques villages voisins figurent parmi les terres cédées par les Genevois aux Rois de Sardaigne en 1754 en échange d'autres localités devenant leur propriété. Le développement de Carouge prit un grand essor vers 1760 à 70. Carouge devient, en 1780, chef-lieu de la province du même nom. En 1786, Carouge est érigée en ville royale. Un plan de construction d'une ville (plan Robilant) est adopté en 1781: il servira de trame à la construction de la ville nouvelle. Ce plan caractérise encore actuellement Carouge: urbanisation selon des axes de circulation (quadrillage régulier en forme d'îlots). Ce plan en damier, avec des maisons ne comprenant le plus souvent qu'un étage sur rez-de-chaussée, de style néo-classique, caractérise fortement encore le Carouge de nos jours (c'est incontestablement ce qui en fait son charme). Une loi protégeant le Vieux-Carouge remonte à 1950. Carouge posséda très tôt (1862) un tram tiré par des chevaux (Omnibus): c'est, actuellement, la ligne 12 du tram qui relie Carouge au centre de Genève. Carouge fut rattachée à la France en octobre 1792. Les révolutionnaires sont plutôt bien accueillis. Les cérémonies religieuses sont suspendues. Française jusqu'en septembre 1814, Carouge est rattachée à Genève (et à la Confédération suisse), en mars 1816 (Traité de Turin), après une très brève réintégration dans le royaume de Sardaigne.
Le Temple de Carouge: cet édifice a été réalisé d'abord de 1818 à 1819 (par l'architecte François Broillet). Il s'agissait d'une simple salle rectangulaire avec plafond voûté et galeries. De 1820 à 1822, fut rajouté un magnifique portique néo-classique sous forme d'un fronton triangulaire soutenu par quatre imposantes colonnes (architecte Samuel Vaucher). Un clocheton carré surmonte le choeur. Le Temple fut inauguré en août 1822. Une première restauration de l'édifice eut lieu en 1905 (réfection, notamment, de la voûte qui fut peinte en bleu). Mais la grande restauration qui suivit devait marquer définitivement le décor de ce Temple: elle dura de 1918 à 1925, juste après la nomination du pasteur Ernest Christen (en 1917). Cette étape devait marquer la transformation totale de l'intérieur. Le pasteur Ernest Christen devait, avec l'aide de différents artistes et artisans, marquer de manière définitive ce lieu: ce furent A. Leclerc (architecte), Eric Hermès (peintre et fresquiste), Charles Wasem (maître-verrier), F. Wanner (ferronnerie), A. Vettin (sculpteur). L'arrivée d'un orgue nécessita la contruction d'une solide tribune soutenue par six colonnes qui furent sculptées par le pasteur Christen lui-même. Inspiré par l'art byzantin, mais surtout roman, cet homme se transforma en sculpteur sur bois. De plus, en 1924, des vitraux de Charles Wasem, qui fut élève de Clément Heaton, vitraux établis sur des modèles d'Eric Hermès, peintre, vinrent parer l'ensemble des fenêtres du Temple. Les grands décors peints figuratifs sont du peinte Eric Hermès (1881-1971) et de son style propre, alors que le style Art Déco, uniquement décoratif, s'exprime dans le décor de la voûte et des anges musiciens.
Voici les étapes essentielles de la création du décor intérieur du Temple:
° 1918: croix, sur un modèle de Romainmôtier, sculptée sur la chaire, puis réalisation de panneaux sculptés autour de la chaire.
° 1920: création des deux superbes portes sculptées de part et d'autre de la chaire: porte de la Passion et porte de la Résurrection.
° 1922: grande fresque de la Nativité par Eric Hermès, et tableau du Bon Samaritain (du même peintre), en 1923.
° 1923-25: modifications intérieures de l'architecture avec la suppression des galeries latérales et agrandissement de la galerie de l'orgue pour accueillir aussi le choeur. Extension du décor dans le Temple.
° 1924-25: réalisation de vitraux superbes de Charles Wasem sur des cartons du peintre Eric Hermès.
° 1925-29: création de la fameuse porte romane avec ses 8 panneaux sculptés comprenant des thèmes de l'Ancien Testament.
En 1954, le Temple de Carouge est inscrit à l'Inventaire suisse des Biens culturels d'importance nationale. En 1994, une restauration devient nécessaire. En février 1997, une organisation, Les Colonnes du Temple, est constituée pour la récolte des fonds nécessaires à la restauration de l'édifice. Celle-ci aura lieu de 1999 à 2003. En ce qui concerne l'orgue, son démontage et sa réfection complète eurent lieu dès janvier 2003 ( Manufacture de Saint-Martin ).
Les orgues: l'instrument actuel, lequel fut démonté et complètement relevé par la Manufacture de Saint-Martin, est un orgue construit par la Manufacture de Grandes Orgues de Genève SA (1962).
Composition de l'orgue Genève SA / Saint-Martin (1962 / 2003), relevée à la console en mai 2009:
Grand-Orgue: Bourdon 16', Montre 8', Flûte à fuseau 8', Prestant 4', Doublette 2', Fourniture 4r 1 1/3', Cornet 8'.
Positif intérieur: Bourdon 8', Principal 4', Flûte conique 4', Flûte 2', Larigot 1 1/3', Plein-jeu 3-4r 1', Cromorne 8'.
Récit expressif: Quintadène 8', Flûte à cheminée 4', Doublette 2', Tierce 1 3/5', Cymbale 2-3r 1/2', Trompette 8'.
Accouplements: GO/P, Pos./P, Réc./P, Réc 4'/P, Réc./GO, Pos./GO. Pédale expressive pour le Récit. L'orgue a donc été relevé en 2003 (les moteurs ont été changés et un combinateur Logma a été installé: merci à la Manufacture de Saint-Martin pour le renseignement).
[Se rappeler notre rubrique sur les jeux de l'orgue: cliquer ici ].
Liens Internet, bibliographie:
- plaquette: Les Colonnes du Temple, la Restauration du Temple de Carouge, 1999-2003. Plaquette de 62 pages, Imprimerie Genevoise SA.
- http://www.hermes-arts.ch/artCreation/index/hermhist.html (généalogie des artistes Hermès),
- http://www.apas-geneve-vitrail.ch/Liens/Carouge.php [lien historique interrompu en juin 2009, mais visible au moment de la rédaction, dommage],
- https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/002890/2011-10-06/ (l'histoire de Carouge),
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Rh%C3%B4ne (rubrique sur le Rhône),
- http://www.temples1907.ch/temples_fr.php?tid=5 (lien sur la protection du monument),
- l'orgue: http://peter-fasler.magix.net/public/GEProfile/ge_carouge_temple.htm .
- présence de cet orgue dans la base mondiale néerlandaise des Orgues: voir ici. Grâce à nous aussi....
Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons un cliché personnel de l'orgue Genève SA (1962), relevé en 2003, du Temple de Carouge. Les autres clichés personnels figurent dans la rubrique " photos 1 " attenante à cette page de texte (photos intérieures). Nos photos des vitraux de Charles Wasem figurent dans la seconde rubrique de photos.
Page relue et corrigée début août 2020.
Attendons nouvelles pour le lien rompu de M. Peter Fasler pour l'orgue de ce temple.