Le 24 juillet 2008, nous avons effectué une visite de Belfort et de sa cathédrale dont les orgues historiques sont largement connues en France. Le Territoire de Belfort est l'une des composantes de la région Franche-Comté, voisine de la Suisse. Belfort a toujours été au contact des mondes rhénan et roman. De 1687 à 1703, la ville fut dotée d'importantes fortifications élevées par Vauban. Belfort devint une place forte qui défendait la Trouée de Belfort (entre le Jura et les Vosges). Entre 1813 à 1814, Belfort eut à subir une premier siège par des Autrichiens accompagnés de Bavarois, de Cosaques et de Hongrois. En juin et juillet 1815, nouveau siège de Belfort par une grande armée d'Autrichiens qui n'arrivent pas à prendre la ville. Un troisième siège de Belfort eut lieu entre 1870 et 71; il s'agissait de Prussiens. La résistance est organisée par le colonel Denfert-Rochereau durant ce siège de 103 jours. Belfort resta française, malgré l'annexion par l'Empire allemand du département du Haut-Rhin dont Belfort faisait partie. En 1871, Belfort devint le chef-lieu du Territoire de Belfort créé sur les restes du Haut-Rhin. De nombreux Alsaciens décidant de rester français vinrent s'installer à Belfort. En 1873, les Prussiens évacuèrent la ville après une occupation de plus de 2 ans.
Durant la Première Guerre mondiale, Belfort fut bombardée par l'aviation allemande et par un canon à longue portée. En 1922, le Territoire de Belfort prend le statut de Département. Durant la Seconde Guerre mondiale, il y eut aussi des bombardements sur la gare et les voies ferrées.
La cathédrale de Belfort (Saint-Christophe): cet édifice a été construit de 1727 à 1750 par l'entrepreneur Henri Schuller (ou Schuler) sur les plans d'un ingénieur du roi à Strasbourg. Le grès rose fut extrait d'une carrière à Offremont, tout près de Belfort. La cathédrale est ouverte au culte en 1750. Elle n'est toutefois vraiment terminée qu'en 1845. A l'intérieur, la plus grande partie des sculptures sur bois sont de l'artiste franc-comtois Antoine Cupillard (chaire, stalles, buffet d'orgue...). Dans le transept droit, on admire une grande toile du peintre belfortain Gustave Dauphin (1807-1859): l'Ensevelissement du Christ. La cathédrale de Belfort contient un ensemble remarquable de vitraux de la fin du 19ème siècle et du tout début du 20ème s. Certains de ces vitraux portent des signatures: J. Bessac, Grenoble (ateliers toujours actifs), et A. Lavergne (une autre signature importante du vitrail français de la fin du 19ème s.).
Les orgues: en août 1749, l'achèvement de la cathédrale s'approchant, la Ville de Belfort commande un grand orgue dans le style français au facteur Joseph Valtrin (originaire de Remiremont dans les Vosges, mais établi à Porrentruy en Suisse, puis plus tard à Strasbourg). L'orgue Valtrin de Belfort est installé en 1752: il possède un très beau buffet orné de sculptures dorées (oeuvres d'Antoine Cupillard), 3 claviers, pédalier et une trentaine de jeux (Positif, Grand-Orgue, Echo, Pédalier). Le facteur Jospeh Valtrin fut, un temps, en concurrence avec les Silbermann, mais, techniquement, les instruments Valtrin ne durèrent pas aussi longtemps que les Silbermann, et nécessitèrent des réparations plus fréquemment. L'orgue de Belfort fut réparé par François Callinet (voir la célèbre dynastie des Callinet, facteurs alsaciens), dès 1816. En 1848, Joseph Callinet restaure et agrandit l'orgue de Belfort (adjonction d'un clavier de Récit). Le vénérable instrument subit quelques dégâts durant le siège de Belfort par les Prussiens. Claude-Ignace Callinet sera le dernier intervenant Callinet sur cet orgue. Sous son influence, l'orgue de Belfort prend une couleur romantique propre à la seconde moitié du 19ème siècle. Des dénaturations de l'instrument eurent lieu, malheureusement, au 20ème siècle. Après des dégâts provoqués par une tempête, en 1966, l'orgue est placé entre les mains expertes des facteurs alsaciens Schwenkedel de Strasbourg. Une restauration est donc entreprise en permettant une restitution de la composition des jeux nettement plus conforme au passé. L'orgue fut inauguré par Michel Chapuis en mai 1971. Le titulaire actuel de ce monumental instrument est l'organiste bien connu Jean-Charles Ablitzer. L'orgue de Belfort est actuellement intégralement classé aux Monuments Historiques.
- exemple d'un orgue Schwenkedel: grand orgue de la cathédrale de Toul ,
- autre exemple d'orgue Schwenkedel: voir ici (à Strasbourg).
Composition du Grand Orgue de la cathédrale de Belfort (selon une grande affiche placée à l'entrée):
Positif de dos (56 notes): Bourdon 8', Salicional 8', Montre 4', Flûte à cheminée 4', Nazard 2 2/3', Quarte 2', Tierce 1 3/5', Larigot 1 1/3', Mixture IV-VI, Cromorne 8', Tremblant.
Grand-Orgue (56 notes): Bourdon 16', Montre 8', Bourdon 8', Gambe 8', Prestant 4', Flûte conique 4', Nazard 2 2/3', Doublette 2', Tierce 1 3/5', Sifflet 1', Cornet V, Fourniture IV, Cymbale V-VI, Trompette 8', Voix humaine 8', Clairon 4', Tremblant.
Récit (56 notes): Bourdon 8', Flûte traversière 8', Flûte 4', Doublette 2', Sesquialtera II, Cymbale III-IV, Cor anglais 16', Trompette 8', Sifflet 1, Pédale expressive.
Echo (39 notes): Quintaton 16', Bourdon 8', Viole alto 4', Cornet IV, Hautbois 8', Voix humaine 8', Tremblant.
Pédalier (30 notes): Flûte 16', Soubasse 16', Flûte 8', Violoncelle 8', Principal 4', Nachthorn (Cor de nuit) 2', Rauschpfeife IV, Ophicléide 16', Trompette 8', Chalumeau 4', Cornet 2'.
Orgue en partie du 18ème s. (Joseph Valtrin), en partie du 19ème s. (par les Callinet). Restauration par C. Schwenkedel en 1971. Traction mécanique des notes. Tirage mécanique des jeux. Accouplements: Réc./GO, Pos./GO, Réc./PED, Pos./PED, GO/PED.
[L'Ophicléide est un jeu puissant de l'orgue utilisé à la Pédale depuis le 19ème s.: cliquer ici . La Rauschpfeife est une Mixture, avec quinte, généralement installée à la Pédale et utilisée depuis la fin du 17ème s., déjà: cliquer ici ].
Suite à des travaux confiés, récemment, au facteur suisse Peter Meier, on relève les changements suivants: nettoyage, réparations, harmonisation et accord (en collaboration avec MM. Marco Venegoni et Jean-Marie Tricoteaux): l'orgue reste inchangé dans sa base, le concept sonore et technique de Schwenkedel est toujours parfaitement convaincant. Changements dans les jeux: le Chalumeau est transferé de la Pédale au Récit (pour remplacer le Sifflet 1'). Un Clairon 4' est placé à la pédale (tuyauterie ancienne) à la place du Chalumeau. Changements des anches du Cromorne 8' au Positif. Voir dans le lien suivant: cliquer ici (sept. 2012: consulter le site de P. Meier sous Referenzen).
Liens Internet à consulter:
- https://www.belfort.fr/accueil-3.html (site de Belfort), et aussi ici,
- http://www.orgalie.com/ (site spécifique des orgues du Territoire de Belfort),
- lien contenant la composition de l'orgue: voir ici,
- vitraux Berthier-Bessac à Grenoble, maison fondée en 1860: cliquer ici ,
- https://ablitzer.pagesperso-orange.fr/orgueStChristophe.html (histoire du Grand Orgue de Belfort), et composition actuelle des jeux,
- http://frederic.chapelet.free.fr/belfort.htm (autre page sur cet orgue de Belfort),
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-Christophe_de_Belfort (lien qui contient la composition du grand orgue),
- http://orguesfrance.com/BelfortCathedrale.html (autre lien concernant cet orgue),
- autre lien pour cet orgue: voir ici (Base de données mondiale des orgues),
- BONUS BELFORT: Temple St.-Jean, Belfort, orgue Garnier: voir ici.
Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons un cliché personnel (24.07.2008) du Grand Orgue de la cathédrale de Belfort. Cliquer sur l'image pour l'agrandir. Les autres clichés personnels figurent dans la rubrique "photos" attenante à cette page de texte.
Page revue et corrigée en juillet 2022.