L'église des Bréseux, hameau franc-comtois (département du Doubs), proche de la frontière suisse, est un lieu magique pour tous les amateurs d'art et de vitraux. Cette église possède encore son toit de pierre ("laves calcaires".
Ce sanctuaire serait resté probablement dans un certain anonymat sans la volonté de deux Abbés qui avaient refusé de revêtir leur église de vitraux "tout faits". Les Abbés Comment et Ledeur pensèrent que le peintre Alfred Manessier, connu depuis une exposition à Paris, pourrait créer de beaux vitraux pour l'église des Bréseux. On était alors en 1947 !
En 1948, les Abbés correspondent avec Manessier et l'Abbé Ledeur fait une visite à l'atelier du peintre et maître-verrier. En décembre 1948, deux vitraux ornent déjà le choeur. Dès 1949, la poursuite des travaux s'effectue. En 1950, la famille Manessier passe des vacances aux Bréseux et l'exécution des vitraux avance. En décembre 1950, l'ensemble des vitraux est inauguré.
Pour bien des historiens de l'art sacré religieux, l'expérience de l'église des Bréseux est unique, et a déclenché, après la guerre, l'expansion future de la pose de vitraux d'art dans les églises en France. Cette expérience fut également à l'origine de la pose de vitraux sacrés contemporains dans le Jura suisse. Notre présent site "orgues-et-vitraux" se fait largement l'écho de ce patrimoine de vitraux en Suisse, notamment dans le canton du Jura.
On trouve des vitraux de Manessier à l'église St-Bénigne de Pontarlier (Doubs), mais aussi à l'église N.-Dame à Moutier (Suisse), ainsi qu'à la cathédrale St-Nicolas de Fribourg (Suisse). Le lecteur trouvera des photos de ces vitraux dans notre site.
L'orgue des Bréseux: outre son prestigieux patrimoine de vitraux, l'église des Bréseux possède un petit orgue qui a fortement attiré notre attention. Pourquoi ? Cet instrument, vu à distance, depuis la nef, rappelle les Callinet (à première vue en tout cas !). Il y a trois tourelles avec des dorures reliées par deux plates-faces ayant une élégante courbure. Les trois tourelles sont situées sur une même ligne de base et sont sculptées et dorées à leur base. La tourelle du milieu porte les lettres CAF et la date de 1822. Dans la documentation disponible dans l'église on confirme que l'orgue est bien de 1822.
L'instrument compte un clavier et un pédalier le tout ayant été restauré simplement. Le pédalier compte le nombre de marches habituel et non les moins de 20 touches propres aux instruments Callinet "de campagne". La Montre, visiblement d'origine (apparemment [?]), est constituée de tuyaux plus ou moins cabossés. La façade n'a été que sommairement restaurée. Par contre, la partie instrumentale, visible par le côté de l'orgue, est à première vue refaite. La Montre est apparemment muette (pas de conduits d'air y menant). La soufflerie est aussi refaite.
Les jeux relevés sur place: Nasard 2 2/3', Flûte 4', Bourdon 8', Doublette 2', une tirasse au pied (sans indication) pour, apparemment, accoupler le pédalier au clavier. Trois tirasses mobilisables par le pied commandent: Soubasse 16', Bourdon 8', Flûte 4'.
A notre avis, cet instrument (non classé) à été refait pour le rendre correctement jouable, mais la façade a été laissée en l'état, compte tenu de sa valeur historique probable et aussi de son cachet indéniable (1822).
Grâce à Monsieur Robert Martin, organiste et musicologue à Marseille, possédant une vaste documentation et un grand savoir, il nous est possible d'en savoir plus sur cet instrument. Voici le texte qu'il nous a adressé par courrier électronique (un très grand merci à M. R. Martin):
" Voici ce que l'on trouve dans l'inventaire des orgues du Doubs :
Les Bréseux : vers 1822, construction par l'artisan facteur d'orgues Farine de Damprichard.
Profondément modifié vers 1952 - 53 par E. Muller de Croisy sur Seine.
Clavier unique de 54 notes:
Montre 8 - Bourdon 8 - Flûte 8 - Prestant 4 - Nazard 2 2/3 - Doublette 2 - Plein jeu III.
Pédalier 30 notes:
Soubasse 16 - Bourdon 8 - Flûte 4.
Console en fenêtre " . [Selon une communication de M. Georges Cattin, organiste et spécialiste des orgues (Le Noirmont), l'orgue des Bréseux aurait été "réparé" par le facteur J. Dunand de Villeurbanne, en 1996. Cette intervention n'aurait pas été du "meilleur effet", selon M. Cattin].
[Note: lors de notre passage, nous n'avons identifié aucun tirant pour les jeux de Montre 8', Prestant 4' et Plein-Jeu III. Damprichard est un bourg du Département du Doubs distant d'une douzaine de km de Maîche et des Bréseux. Les initiales CAF sont peut-être celles de l'auteur du buffet].
On ne trouve sur aucun site Internet la composition de cet orgue, à part celle que nous donnons dans cette page !
Sites Internets et bibliographie:
- http://clochers.free.fr/base/lesbreseux.html ,
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Manessier ,
- un site sur Goumois au bord du Doubs: voir ici. Site Wikipedia sur Les Bréseux: voir ici,
- autre site: consulter ici, autre site ici aussi,
- orgue mentionné dans la base mondiale des Orgues: voir ici (source indiquée: notre site Orgues-et-Vitraux),
- Eglise Saint-Michel et les vitraux de Manessier, plaquette achetée dans l'église des Bréseux, Unité Pastorale du Plateau de Maîche, Imprimerie Chopard, Maîche, août 2000.
En guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons un cliché personnel (août 2007) de l'orgue (1822) de l'église des Bréseux. Cliquer sur l'image pour l'agrandir. Les autres clichés figurent dans la rubrique "photos" attenante à cette page de texte.
Page relue et mise à jour en juillet 2022.