Lors de notre déplacement en Provence-Côte-d'Azur (sept. 2011), nous avons notamment visité l'église du village de Barjols dans le Var. Voici l'un des très beaux villages de Provence, non loin de Aups, autre magnifique village provençal avec un orgue hautement digne d'intérêt et que nous avons visité également (lire le texte de notre lien personnel, suite à notre visite de Aups).
Quelques mots tirés du Guide Vert Michelin (éd. 2010), Paris, Cedex-07: " la magie de Barjols tient en un mot: l'eau. Elle est la musique de la ville, sa fraîcheur, son passé. Elle jaillit de trente fontaines depuis les trois rivières qui forment des cascades autour de la ville et irriguent les collines. Barjols a exploité très tôt ce trésor pour, notamment, tanner le cuir lequel fit sa renommée au 19ème siècle. L'âme provençale du village se renouvelle chaque année lors de la fête de St-Marcel ". On compte 12 lavoirs et une trentaine de fontaines dans ce village. La Collégiale a été érigée au 11ème siècle. C'est l'une des plus anciennes églises de la région (fondée vers 1014) [N.-Dame-de-l'Assomption]. Parmi les multiples curiosités de ce magnifique village, citons les vestiges des remparts et les quatre portes de la ville médiévale qui sont encore visibles. Par ailleurs, il faut noter que sur la Place de la Mairie, on trouve l'un des plus gros platanes de Provence; il mesure 12 m de circonférence. L'église fut incendiée par les Huguenots. La nef actuelle est gothique et date du 16ème siècle. Les boiseries (stalles) ont été sculptées au 17ème s. De lédifice primitif, il ne reste que les murs et les piliers. Les reliques de Saint Marcel, transférées à léglise depuis 1350, furent brûlées sur la place, mais une femme put sauver un doigt. Lédifice comporte trois nefs : la nef centrale et les nefs latérales. Elles sont couvertes par une voûte dont les arêtes à boudin et les arcs-doubleaux tombent sur de hautes demi-colonnes, sappuyant aux piliers arrondis des arcades. Cette église renferme des richesses artistiques : le tombeau de saint Marcel avec sa grille en fer forgé et son bas-relief, la vasque des fonts baptismaux, qui portent le millésime de 1395. Derrière, on remarque l'ancien tympan roman de l'église montrant le Christ en Majesté entouré d'anges et des symboles des évangélistes. Les orgues de la collégiale furent acquises vers 1656. Des travaux entrepris en 1961, ont permis de dénuder les pierres du choeur, des piliers et des arceaux ainsi que des voûtes, lesquels, jusqualors, étaient couverts de crépi et denduit. En apparaissant ainsi dans son aspect primitif, lédifice a acquis un cachet tout particulier. Par contre, il semblerait que cette opération n'a pas forcément favorisé l'acoustique pour l'orgue.
L'orgue: voici l'un des plus beaux instruments provençaux anciens. Nous tirons du site http://orgues-de-toulon-et-du-var.org/ le texte suivant : " C'est en 1654 que le Chapitre de Barjols décide de faire construire un orgue monumental en bois de noyer et passe commande à Jean Pons, prêtre et bénéficier [bénéfice ecclésiastique] de la cathédrale de Grasse. L'instrument est achevé en 1657 pour 1800 livres. De cette époque date le grand buffet de 8 pieds, ainsi que la majeure partie des jeux à bouche du grand clavier. Les interventions effectuées au XVIIe et XVIIIe siècles (notamment Eustache de Marseille en 1660, puis d'autres travaux entre 1739 et 1753) n'altèrent pas gravement l'instrument. Réparé en 1824, il est procédé à des travaux d'importance en 1835/1837 ; l'orgue est transporté sur une nouvelle tribune en fond de la nef et agrandi par Charles et Frédéric Gazeau, facteurs de Toulon et Marseille : ils implantent de nombreux jeux d'anches, créent un étonnant positif de dos en copie du buffet principal, dont les registres se tirent dans le dos de l'organiste, chose plutôt rare dans le Var, buffet de positif réalisé par Garcin de Brignoles, et créent une pédale séparée. En 1856, l'Abbé Boyer, pour 5000 francs, effectue une importante transformation, modifiant en récit expressif le positif, et le place en hauteur dans le grand buffet. Beaucourt de Lyon intervient en 1865. François Mader (facteur à Marseille) intervient en 1887 mais ne semble pas toucher à la composition. Marius Fabre exécutera des travaux de sauvegarde en 1936, faisant installer une soufflerie électrique par le facteur Merklin. En 1963, Pierre Chéron et Pierre Rochas redécouvrent la valeur de l'orgue et envisagent un retour à l'origine, en révisant l'orgue. Une véritable restauration sera effectué en 1986/1987 par la Manufacture provençale d'orgues de Carcès ( Y. Cabourdin ). On restitue des claviers neufs en copie des touches préservées de l'orgue varois de Cuers (non loin de Barjols), une mécanique suspendue, une soufflerie neuve dans le style ancien, un pédalier neuf à la française (le seul du département qui soit en service), et on rend à l'orgue sa composition de 1837. Le buffet est classé le 23 septembre 1949, la partie sonore le 27 juin 1977. Le diapason est remis à 415 Hz, le tempérament est un mésotonique modifié. L'orgue est inauguré par Michel Chapuis. La qualité des travaux réalisés vaudra à l'entreprise le marché de restauration du précieux et monumental orgue de Saint-Maximin. L'instrument, à la sonorité remarquable, est malheureusement desservi par une acoustique dévorante qui l'étouffe, due en grande partie à des travaux récents d'architecture dans l'édifice ". A noter que la Manufacture de Y. Cabourdin a cessé son activité. Ce facteur figure toujours, en 2019, dans l'annuaire comme facteur de pianos et de clavecins...
Composition actuelle des jeux de l'orgue de Barjols [selon le site du facteur Cabourdin et le site http://orgues-de-toulon-et-du-var.org/ ]:
Clavier I (Positif de dos, 54 notes): Bourdon 8', Prestant 4', Doublette 2', Nasard 2 2/3', Fourniture (Cymbale) III, Hautbois 8' (dessus au fa 2), Cromorne 8', Tremblant.
Clavier II (Grand-Orgue, 54 notes): Montre 8', Bourdon 8', Dessus de Flûte 8', Prestant 4', Flûte 4', Doublette 2', Plein-Jeu IV, Cornet V (dessus ut 3), Bombarde 16' (dessus ut 3), Trompette en chamades (dessus ut 3), Trompette 8', Clairon 4'.
Pédalier (18 notes): Flûte 8', Trompette 8'.
Accouplement à tiroir du Positif sur le G.O. Tirasse du G.O. sur le pédalier. Tremblant doux au positif. Buffet en noyer de type italien. Esthétique: orgue classique français. Certains vont même jusqu'à dire que c'est le deuxième plus bel orgue historique de Provence, après Saint-Maximin ! On note des différences mineures de composition selon les sites consultés (essentiellement concernant la Flûte de 4' du G.O.) .
Liens divers, littérature:
- ouvrage: Orgues, Le choeur des Anges, ouvrage sur les orgues dans le Midi de la France (Provence), Editions Le Bec en L'air, Manosque, France, 2005 (167 pages).
- https://www.provenceweb.fr/f/var/barjols/barjols.htm?r=1&Largeur=1920&Hauteur=1080 (photos de Barjols),
- https://www.la-provence-verte.net/decouvrir/barjols.php (autre lien pour Barjols),
- l'orgue de Cuers dans le Var, non loin de Barjols (église fermée lors de notre séjour): cliquer ici et photos de l'orgue. Photos de Cuers: voir ici.
- dans la base de données mondiale de l'Orgue: voici l'orgue de Barjols et aussi celui de Cuers.
- dans l'Inventaire National des Orgues de France (récemment créé): voici l'orgue de Barjols, et aussi celui de Cuers (nous avons ajouté, tout au bas de cette page, une carte montrant le trajet entre Barjols et Cuers).
Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page, nous publions un cliché personnel (sept. 2011) de l'orgue historique de la Collégiale de Barjols (Var, France). Les autres clichés personnels figurent dans la rubrique "photos" attenante à cette page de texte.
Page complétée et mise à jour en août 2022.