Lors de notre séjour en Bourgogne (juin 2009), nous avons visité l'église Saint-Michel de Dijon.
Une première mention de l'église Saint Michel de Dijon date de 889. Située près des murs du Castrum, elle n'était à l'origine qu'une simple chapelle en bois. Devenue trop petite pour accueillir l'ensemble des fidèles, elle fut remplacée, à l'initiative de l'abbé de Saint-Étienne, Garnier de Mailly, par une église plus vaste qui fut consacrée en 1020 par l'évêque de Langres, Lambert. Son fondateur Garnier de Mailly y fut inhumé à sa mort en 1051. Le 17 juillet 1497, comme elle était devenue trop petite pour accueillir tous les fidèles, il fut décidé la construction d'une nouvelle église par souscription auprès des paroissiens. On l'élargit en l'allongeant du côté du choeur en conservant son ouverture du côté ouest. Les familles riches de la paroisse firent construire à leurs frais des chapelles. Achevée, l'église fut consacrée le 29 juillet 1529 par Philibert de Beaujeu, évêque de Tonnerre. Le grand portail de l'église a été construit après le vaisseau, les travaux entravés par les événements politiques et le manque de ressources ont été menés très lentement. Même dans l'étage inférieur formant porche, il est facile de distinguer des parties de différentes époques : ainsi la porte qui se trouve sous la tour sud est encore gothique par sa construction et son ornementation au contraire, dans les deux autres ouvertures, dans les voûtes surtout, les procédés de l'art de la Renaissance s'affirment nettement On comprend dès lors l'intérêt que présente, pour les spécialistes, l'étude de ce portail; il est d'autant plus grand que les édifices religieux importants bâtis, en France, à cette époque, sont plutôt peu nombreux. Cette église St-Michel allie donc l'art gothique tardif à l'architecture et le décor de style Renaissance. La relative lenteur de la construction de ce sanctuaire s'explique par le manque de ressources et par les évènements politiques (notamment le siège de Dijon par les Suisses et les destructions qui en découlèrent). Le vandalisme révolutionnaire atteignit aussi ce lieu (vers 1793-94): de nombreuses oeuvres d'art furent détruites. L'église fut restaurée ensuite, grâce notamment à l'acharnement de l'Abbé Deschamps, curé de Saint-Michel. Au portail central de la façade figure le Jugement Dernier, oeuvre du Flamand Nicolas de la Cour (16ème siècle).
Les vitraux: les plupart des vitraux d'origine ont disparu. On n'en a conservé que quelques fragments dans certaines chapelles. Dans le bas-côté Nord, on remarque un vitrail du 19ème siècle dédié à saint Joseph, patron de l'Eglise universelle. Un autre vitrail montre saint Michel terrassant le Démon. Les vitraux du choeur évoquent les trois archanges Raphaël, Gabriel et Michel.
Parmi les tableaux visibles dans cette église, on remarque une copie agrandie du saint Michel de Raphaël (copie réalisée au 18ème siècle; voir notre rubrique de photos).
Les orgues: le site Internet de la Paroisse St-Michel de Dijon comporte une rubrique assez brève sur le Grand Orgue. Nous en transcrivons l'essentiel ci-dessous (au cas où ce site devait disparaître).
" Un orgue fut construit, en 1699, par un facteur nommé Lorin pour la Sainte Chapelle de Dijon (34 jeux sur 4 claviers et pédalier). En 1736, un facteur nommé Deveaux examina l'instrument et fit un devis de réparation (l'orgue comprenait alors 43 jeux). Dès 1738, un organiste d'Autun, nommé Reaux, s'intéressa à l'instrument. Il fit un devis de réparation, en 1741. Les travaux devisés furent approuvés, et le grand facteur Charles-Joseph Riepp fut chargé de reconstruire cet orgue (le projet comprenait un orgue de 34 jeux). Mais la Révolution arriva en 1793 avec la vente aux enchères de l'instrument. L'orgue fut adjugé à François Combettes, présent à la vente pour le compte de la Fabrique de l'église Saint-Michel. La Sainte-Chapelle de Dijon, jugée trop coûteuse à l'entretien, disparut en 1802. Vers 1829, l'orgue récupéré par Combettes, fut installé en tribune à l'église St-Michel par Joseph Callinet. Il fut augmenté, les claviers passant de 48 à 54 notes (Grand-Orgue et Positif) et les jeux passant au nombre de 53 (l'orgue comprenait encore 4 claviers et un pédalier). En 1840, on effectua quelques transformations sur cet instrument. En 1881, le facteur dijonnais Jean-Baptiste Ghys présentait deux devis de reconstruction. Le Conseil de Fabrique de St-Michel adopta un plan de Ghys amenant, en 1886, aux transformations suivantes: agrandissement du buffet en profondeur; suppression du Positif de dos excepté la façade; réfection des sommiers passant de 54 à 56 notes aux claviers et de 28 à 30 notes au pédalier; installation d'une boîte expressive pour le clavier de Récit; construction d'une nouvelle soufflerie; réalisation d'une nouvelle mécanique assistée par trois machines pneumatiques; construction d'une nouvelle console séparée à l'emplacement de l'ancien Positif dorsal; adjonction de 32 jeux nouveaux à caractère romantique et reprise partielle de 15 jeux anciens. Le tout comprenait, en 1886, 3 claviers de 56 notes, un pédalier de 30 notes et 45 jeux. En 1964, la Maison Michel Merklin et Kuhn de Lyon transforme l'instrument en l'orientant vers une esthétique néo-classique (nouvelle console avec reprise des claviers de Ghys, sommier auxiliaire de 5 jeux au Récit, ajout de Mixtures et de Mutations et traction des jeux devenant électro-pneumatique). L'orgue comprend alors 51 jeux sur 3 claviers et pédalier. Etat en 2000: l'orgue, depuis 1964, attend une restauration. Il est maintenu, au mieux, en état de marche, grâce aux bons soins de son titulaire et du facteur bourguignon Dominique Richaud. (voir aussi ici). Description du buffet (classé depuis 1840): le buffet sculpté date de 1699 (réalisé dans des ateliers dijonnais). Il comprend 5 tourelles au grand corps, la tourelle centrale étant couronnée de l'Archange saint Michel. Il y a 4 plates-faces qui relient les tourelles. Le Positif comprend 3 tourelles reliées par 2 plates-faces. La tuyauterie serait de Ghys à l'exception des Mixtures placées par la maison Merklin et Kuhn, en 1964. Le Clairon du Positif a été placé en 1968, à la place d'un Cor anglais. Quelques Principaux du Grand-Orgue seraient antérieurs à 1884 ".
Composition de l'orgue de l'église Saint-Michel à Dijon (selon le site Internet de la Paroisse, consulté en 2009):
Grand-Orgue: Montre 16', Bourdon 16', Montre 8', Flûte harmonique 8', Prestant 4', Quintaton 4', Nazard 2 2/3', Doublette 2', Tierce 1 3/5', Piccolo 1', Fourniture V, Cymbale IV, Cornet V, Bombarde 16', Trompette 8', Cromorne 8', Clairon 4'.
Positif: Quintaton 16', Principal 8', Bourdon 8', Prestant 4', Flûte à cheminée 4', Doublette 2', Larigot 1 1/3', Cymbale IV, Trompette 8', Clairon 4'.
Récit: Diapason 8', Bourdon 8', Gambe 8', Voix céleste 8', Flûte 4', Nazard 2 2/3', Quarte de Nazard 2', Tierce 1 3/5', Plein-Jeu IV, Basson 16', Trompette 8', Basson-Hautbois 8', Voix Humaine 8', Clairon 4'.
Pédalier: Flûte 16', Soubasse 16', Flûte 8', Bourdon 8', Flûte 4', Mixture III, Bombarde 16', Trompette 8', Clairon 4'.
Accessoires: accouplement Pos./GO, Réc./GO, Réc./Pos., Réc./GO-16'. Tirasses: GO, Positif, Récit. Appels: anches du GO, du Positif, du Récit, de la Pédale; des mixtures du GO, du Positif, du Récit et de la Pédale. Trémolo: Tremblant au Récit. Six combinaisons fixes. Pédale expressive pour le Récit. Traction des notes: mécanique avec assistance par Machine Barker. Traction des jeux: électro-pneumatique. Tuyauterie: de Ghys, excepté les mixtures placées par Merklin et Kuhn en 1964 et le Clairon du Positif, placé en 1968 à la place d'un Cor anglais. Appel: GO. [Consulter notre rubrique sur les jeux de l'orgue et le vocabulaire de l'orgue: cliquer ici ].
Voici un complément d'information que nous a adressé, par e-mail, le facteur D. Richaud (avec nos remerciements): " Bien que cet orgue ait été modifié, c'est le plus important matériel de Ghys qui est conservé (plus de 40 jeux). Le seul orgue Ghys à ma connaissance qui soit, lui, resté intact, est celui de Sainte-Chantal de Dijon (ancien orgue de la chapelle de la Providence, II/17 de 1899). Au niveau sonore, il faut souligner la majesté du grand-choeur dont les anches (de Ghys) sont réalisées avec une pointe en laiton (de quelque 2' de long sur le 16' au GO !) et pour les dessus une chicane soudée à la base dont je n'ai pas trouvé d'équivalent ailleurs. Tous les 16' d'anches sans exception possèdent des anches de basson, même s'ils sont mentionnés comme " Bombarde 16' ". Le 16' d'anches de la pédale est en bois sur 24 notes ". (voici un lien pour l'orgue de Sainte-Chantal à Dijon: cliquer ici).
Liens Internet:
- http://dijoon.free.fr/visite/st-michel.htm (un lien pour l'église St-Michel),
- autre lien descriptif et historique: cliquer ici ,
- une photo de l'église St-Michel: cliquer ici ,
- une vue de l'orgue de St-Michel: visible dans une vidéo réalisée en ce lieu: cliquer ici,
- rubrique d'un site sur le Patrimoine: voir ici (en espérant qu'il tienne un peu......),
- galerie de photos de cette église: voir ici. Et le grand orgue dans le site mondial sur les orgues: voir ici (photo et composition).
- BONUS POUR DIJON: Eglise Saint-Joseph à Dijon, orgue: voir ici. Eglise Sainte-Chantal à Dijon, orgue Ghys: voir ici et aussi ici . Temple réformé, orgue: voir ici.
Ci-dessus, en guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons un cliché personnel (juin 2009) de l'orgue Ghys de tribune en l'église St-Michel de Dijon. Les autres clichés personnels figurent dans la rubrique " photos " attenante à cette page de texte.
Mise à jour de cette page le 30 juin 2022.