Le 20 janvier 2008, un public d'amateurs de clavecin était convié à l'inauguration d'un clavecin français restauré, très rare: un instrument du facteur Christian Kroll (1747-1782), originaire d'Alsace et qui s'établit à Lyon pour y construire des clavecins aux environs des années 1770.
L'inauguration de l'instrument eut lieu en la Salle Faller du Conservatoire de La Chaux-de-Fonds, le clavecin Kroll étant la propriété d'un heureux mélomane du canton de Neuchâtel.
La claveciniste bien connue, Dorota Cybulska, professeure de clavecin au Conservatoire de la Chaux-de-Fonds, expliqua l'origine de l'instrument et présenta un programme brillant et varié, mettant en évidence des partitions de clavecin d'une époque où le fortepiano commençait sérieusement à "menacer" l'existence de clavecin.
Il s'agissait de pièces, brillamment interprétées
d'Armand-Louis Couperin (1727-1789): Allemande, Courante La de Croissy, La de Boisgelou, La Sémillante.
de Jacques Duphly (1715-1789): 3ème Livre de pièces pour Clavecin dont La Forqueray et une Chaconne.
de Carl Philippe Emmanuel Bach (1714-1788): Sonate Wurtemburgeoise (Moderato, Andante, Allegro assai, 1742).
en guise de surprise, la claveciniste interpréta notamment les variations de Mozart sur le thème "Ah ! Vous dirais-je maman...", une pièce qui s'adaptait très bien aux timbres et aux deux claviers de l'instrument présenté.
Le clavecin Chr. Kroll présenté est un instrument français, encore de la grande tradition de la facture française: instrument très allongé, ayant au premier clavier un jeu de 8' et un de 4', au second clavier un jeu de 8' d'un autre timbre (rappelant un timbre de Nazard). L'instrument possède encore un jeu de luth. L'accouplement des claviers est "à tiroir". 1770, date formellement identifiée dans la dédicace de l'instrument inscrite dans la caisse, est une date qui marque la disparition progressive de la musique française pour clavier, notamment la Suite, et aussi la disparition progressive de la Fugue et du contrepoint rigoureux. La forme Sonate arrive, à cette époque, avec aussi le fortepiano pour l'interpréter (compositeurs: C.-Ph.-E. Bach, Haydn, et avec Scarlatti comme précurseurs).
Le clavecin Kroll présenté a une particularité: ses claviers descendent jusqu'au Mi grave (EE). Ceci confère à cet instrument des basses d'une beauté et d'une profondeur absolument remarquables. Le clavecin présenté a été restauré dans les ateliers parisiens du facteur R. von Nagel. Des réglages plus fins de la mécanique ont été exécutés par le facteur de clavecins suisse Jean-Michel Chabloz, que nous connaissons bien.
Quelques liens Internet à consulter:
- https://booklets.idagio.com/3149028130614.pdf (texte mettant en évidence un clavecin lyonnais de C. Kroll en pages 8 et 9 du lien),
- http://www.vonnagel.paris/ (site du facteur de clavecins et restaurateur-technicien d'art R. von Nagel), ce facteur a réalisé une copie d'un clavecin Kroll,
- l'interprète Dorota Cybulska: écouter ici,
- autre exemple d'un clavecin Kroll dans un château en France: voir ici.
- les sonorités d'un autre clavecin Kroll (restauré): écouter ici et aussi ici également (instrument datant de 1774).
En guise de vignette agrandissable de cette page, nous mettons un cliché personnel (20.01.2008) du clavecin Chr. Kroll (1770) présenté après restauration au Conservatoire de La Chaux-de-Fonds. Cliquer sur l'image pour l'agrandir. Ci-dessous, nous mettons d'autres vues de ce clavecin. En arrière-plan: l'orgue du Conservatoire, un instrument de la Manufacture d'orgues de St-Martin (canton de Neuchâtel) [Les prises de vues effectuées ont été autorisées par le propriétaire du clavecin Kroll].
Page révisée en septembre 2023.